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Hommage à Samuel Paty – Discours du Directeur du Centre Condorcet

Tags : Hommage

Chères étudiantes, chers étudiants
Chers Collègues,

Vendredi dernier Samuel Paty est mort, il est mort sauvagement assassiné seulement au prétexte de son métier, seulement parce qu’il était enseignant, un enseignant d’histoire-géographie qui faisait son travail. Il est mort parce qu’il participait à l’éducation de l’une des ambitions les plus émancipatrices : apprendre à penser. Apprendre à penser ce n’est pas apprendre comment il faut penser, c’est encore moins apprendre ce qu’il faut penser, c’est apprendre à penser librement, en usant de son libre arbitre, c’est donc finalement apprendre à s’épanouir comme un être humain.  

Il est mort parce qu’une idéologie fanatique et mortifère a voulu le faire taire car rien ne fait plus peur à l’obscurantisme, et notamment à l’obscurantisme religieux que la raison, la culture, le sens critique, le débat, la tolérance, la liberté d’expression.   

Evidemment malgré cette épouvantable décapitation, et bien au-delà de la seule instruction, l’Ecole va continuer à éduquer les jeunes, elle va continuer à promouvoir les idées humanistes, elle va continuer à enseigner le vivre ensemble et le respect des différences, elle va continuer à porter au plus haut la liberté d’expression comme une valeur cardinale de la Laïcité et de la République.

C’est pourquoi même si aujourd’hui nous partageons ici notre émotion, même si nous sommes choqués, indignés, tristes, en colère, j’aimerais que nous restions malgré tout optimistes et volontaristes. Optimistes car tous les jours dans les écoles, les collèges, dans les lycées et les universités, les enfants et les adolescents apprennent à devenir plus autonomes et responsables, ils apprennent à user de leur liberté d’expression avec les autres et au milieu des autres, sans confondre cette liberté de dire et de penser avec la propagande, l’invective, ou la diffamation.  Et volontaristes car il nous faut aussi agir et résister, il nous faut lutter contre les croyances les plus simplistes et les plus clivantes, celles qui nous poussent à nous opposer plutôt qu’à nous rassembler dans le respect de nos différences. 

Enfin j’invite les jeunes à réfléchir à leur usage des réseaux sociaux. Au départ ces outils devaient être une occasion de se rassembler et de partager, une façon renouvelée d’être avec ses amis. Hélas l’actualité récente multiplie les exemples montrant que l’utilisation de ces outils est dévoyée, avec des moqueries, du harcèlement, des dénonciations, des humiliations, des menaces, jusqu’à l’incitation à la haine. Ceux qui s’y adonnent lâchement assis derrière leur écran ont trop souvent un sentiment d’impunité. Je formule ici le vœu que ces réseaux retrouvent leur sens originel : une belle façon de se retrouver et d’être ensemble. Sans doute que ce qui nous sauvera ici aussi, c’est la culture, la lutte contre l’ignorance, et le développement de l’esprit critique… Ce à quoi Samuel Paty était attaché, au point d’en perdre la vie…

Raphaël Leca, 
Directeur du Centre Universitaire Condorcet

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Chères étudiantes, chers étudiants
Chers Collègues,

Vendredi dernier Samuel Paty est mort, il est mort sauvagement assassiné seulement au prétexte de son métier, seulement parce qu’il était enseignant, un enseignant d’histoire-géographie qui faisait son travail. Il est mort parce qu’il participait à l’éducation de l’une des ambitions les plus émancipatrices : apprendre à penser. Apprendre à penser ce n’est pas apprendre comment il faut penser, c’est encore moins apprendre ce qu’il faut penser, c’est apprendre à penser librement, en usant de son libre arbitre, c’est donc finalement apprendre à s’épanouir comme un être humain.  

Il est mort parce qu’une idéologie fanatique et mortifère a voulu le faire taire car rien ne fait plus peur à l’obscurantisme, et notamment à l’obscurantisme religieux que la raison, la culture, le sens critique, le débat, la tolérance, la liberté d’expression.   

Evidemment malgré cette épouvantable décapitation, et bien au-delà de la seule instruction, l’Ecole va continuer à éduquer les jeunes, elle va continuer à promouvoir les idées humanistes, elle va continuer à enseigner le vivre ensemble et le respect des différences, elle va continuer à porter au plus haut la liberté d’expression comme une valeur cardinale de la Laïcité et de la République.

C’est pourquoi même si aujourd’hui nous partageons ici notre émotion, même si nous sommes choqués, indignés, tristes, en colère, j’aimerais que nous restions malgré tout optimistes et volontaristes. Optimistes car tous les jours dans les écoles, les collèges, dans les lycées et les universités, les enfants et les adolescents apprennent à devenir plus autonomes et responsables, ils apprennent à user de leur liberté d’expression avec les autres et au milieu des autres, sans confondre cette liberté de dire et de penser avec la propagande, l’invective, ou la diffamation.  Et volontaristes car il nous faut aussi agir et résister, il nous faut lutter contre les croyances les plus simplistes et les plus clivantes, celles qui nous poussent à nous opposer plutôt qu’à nous rassembler dans le respect de nos différences. 

Enfin j’invite les jeunes à réfléchir à leur usage des réseaux sociaux. Au départ ces outils devaient être une occasion de se rassembler et de partager, une façon renouvelée d’être avec ses amis. Hélas l’actualité récente multiplie les exemples montrant que l’utilisation de ces outils est dévoyée, avec des moqueries, du harcèlement, des dénonciations, des humiliations, des menaces, jusqu’à l’incitation à la haine. Ceux qui s’y adonnent lâchement assis derrière leur écran ont trop souvent un sentiment d’impunité. Je formule ici le vœu que ces réseaux retrouvent leur sens originel : une belle façon de se retrouver et d’être ensemble. Sans doute que ce qui nous sauvera ici aussi, c’est la culture, la lutte contre l’ignorance, et le développement de l’esprit critique… Ce à quoi Samuel Paty était attaché, au point d’en perdre la vie…

Raphaël Leca, 
Directeur du Centre Universitaire Condorcet

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